Le Fjord suivi de Sebregondi recule

Le fjord, suivi de Sebregondi recule, par Osvaldo Lamborghini

Publié le 24 Mars 2005 - Désordres / Laurence Viallet
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon
Epuisé
128 pagesISBN : ISBN : 2-26805-375-X

Le Fjord et Sebregondi recule sont les deux œuvres inaugurales d’un auteur culte en Argentine. Paru en 1969, Le Fjord a d’abord circulé dans une semi clandestinité. Traversé par un travail poétique qui constitue le cœur de l’art lamborghinien, Le Fjord est un continuum délirant, sexuel et politique. Le texte débute par un accouchement apocalyptique qui se prolonge en débauche incestueuse, en orgie scatologique, le rituel sacrificiel s’achevant par un parricide. Le Fjord, avatar de Totem et Tabou, met en scène la horde primitive et le meurtre du père à la lumière des soubresauts de l’histoire argentine. Porté par la virtuosité hallucinée d’une langue qui évoque celle d’Artaud, Le Fjord, plus qu’un joyau de la littérature argentine, est un texte fondateur et mythique.
On retrouve dans Sebregondi recule, paru en 1973, les obsessions qui hantent l’œuvre de Lamborghini : l’impératif de la jouissance, le sexe comme relation de pouvoir, le substrat politique… Sebregondi recule mêle des vignettes poétiques servies par une écriture presque surréaliste à des passages plus descriptifs, relatant notamment les aventures homosexuelles du Marquis de Sebregondi (personnage inspiré par la figure de Gombrowicz) ou encore l’histoire d’un garçon prolétaire torturé par des enfants bourgeois… Le public français ne pouvait plus longtemps ignorer l’existence de la plus étrange et fascinante œuvre littéraire venue d’Argentine depuis Borges.

Avant Lamborghini, je n’avais jamais lu de livres représentant aussi bien le cauchemar politico-cocaïno-anal-carnassier qui ronge le cerveau de presque chaque Argentin, qu’il soit de la haute ou du lumpen-prolétariat. Plus qu’un Hubert Selby Jr. ou un Céline, Lamborghini est un Brueghel sud-américain. Vivement que cette première traduction soit suivie par celle du reste de son œuvre, dont les éjaculations argotiques défient joyeusement les règles de la langue. Presque méconnu de son vivant, cet écrivain est devenu depuis la référence ultime de toute une jeunesse argentine en quête de radicalité.
Gaspar Noé

La première et l’ultime question qui surgit avant toute autre, lorsque l’on lit ces pages, est : « comment peut-on aussi bien écrire ? » Il me semble qu’une prose parfaite transcende les qualités esthétiques, le simulacre d’achèvement. L’œuvre d’Osvaldo évoque l’authentique perfection.
César Aira