Yapou, bétail humain III

Yapou, bérail humain, Volume 3, Shozo Numa

Publié le 15 Novembre 2007 - Désordres / Laurence Viallet
Traduit du japonais par Sylvain Cardonnel
Epuisé
554 pagesISBN : 978-2-268-06-2808

Cet ouvrage a fait l’objet d’une édition en un seul volume réunissant l’intégalité du texte. Voir la présentation suivante

Yapou, bétail humain, livre total, démesuré, vendu à plusieurs millions d’exemplaires au Japon, a reçu les louanges de la critique française à l’occasion de la parution des volumes précédents. Ce troisième volume clôt une fresque échevelée considérée par Yukio Mishima comme « le plus grand roman idéologique qu’un Japonais ait écrit après-guerre ».
Dans les deux premiers volumes de ce roman-fleuve, à la fois exploration sado-masochiste et fiction d’anticipation, nous a été présentée la planète EHS, au XLe siècle. EHS est peuplée de Blancs (nobles ou plèbe), de Noirs (esclaves), et de Yapous – descendants des Japonais – qui sont traités comme du bétail par les Blancs, notamment par les femmes, et utilisés comme des objets aux fonctions diverses (« meubles viandeux »). Cette planète nous est dévoilée à travers les yeux de Rinichiro, ex-Japonais du XXe siècle qui, à la faveur d’un voyage dans le temps, y atterrit avec Clara, sa fiancée allemande.
Cette fresque que l’auteur juge inachevée, car inapte à illustrer l’étendue infinie de son imaginaire et de ses fantasmes, décrit la transformation définitive de Rinichiro en Yapou. En effet, dans ce dernier volume, Rin épouse son statut de bétail humain au point d’émettre le souhait de devenir le setteen (toilettes vivantes) de Clara, devenue la domina de son cœur. Revisitant l’histoire culturelle du bétail, le lecteur découvre d’autres variétés de Yapous (et notamment les scrapets, Yapous réduits), leurs mœurs passées et présentes, et approfondit sa connaissance de l’albinisme (le culte des dieux blancs). Il assiste à un banquet donné au Palais de Cristal en l’honneur de Clara, les préparatifs lui offrant notamment l’occasion de découvrir les repose-culs viandeux et la manière de cuisiner la viande de Yapou…
Texte monumental, détournement masochiste de la fascination nippone pour le raffinement technologique, mais surtout roman idéologique honni pendant les années d’après-guerre, Yapou, bétail humain représente la quintessence littéraire de la détestation de soi (raciale et sexuelle) des Japonais traumatisés par l’Histoire. Cette contre-utopie délirante, détaillée avec une minutie maniaque et vertigineuse, marquée par un humour noir et grinçant (on pense à Jonathan Swift), traduite pour la première fois en Occident, est un chef-d’œuvre de la littérature mondiale.