Entretient avec Nan Goldin suite à la publication d’Au bord du gouffre en 1991
David Wojnarowicz, Entretien avec Nan Goldin

Entretient avec Nan Goldin suite à la publication d’Au bord du gouffre en 1991
« Chroniques des quais » date de la fin des années 70 et du début des années 80, en d’autres termes bien des années avant que la scène artistique de l’East Village ne devienne le décor des peintures et des sculptures poignantes de David Wojnarowicz, et lui apporte une célébrité suffisante pour le faire sortir de la drogue et de la prostitution.
C’est parce que l’œuvre créatrice de David Wojnarowicz procède de toute sa vie qu’elle a acquis une pareille puissance. C’est, en effet, par son œuvre plastique et ses textes littéraires qu’il s’est construit tel qu’il est aujourd’hui. Enfant très vite livré à lui-même, vivant d’expédients, s’adonnant à la prostitution dès l’âge de neuf ans, c’est la rencontre d’un adulte qui pressentit sa vocation d’artiste et d’écrivain qui devait réorienter radicalement son existence.
« Le fait de rendre public quelque chose de privé a de terribles répercutions sur le monde préfabriqué », écrivait David Wojnarowicz en 1991, soit un an avant de mourir du sida, à 38 ans, dans Au bord du gouffre, comme un pavé lancé à la gueule des années Reagan responsable de « cultiver jour après jour l’illusion d’une Nation monoclanique ».